Laissez-nous vous parler du Slow travel. Dans un monde où tout va très vite, il est peut-être temps de ralentir. Entre les fast-food, la fast-fashion, les voyages express et ce consumérisme à outrance, le Slow travel c’est un moyen de renverser la tendance, en privilégiant la qualité plutôt que la quantité. Une autre façon de voyager qui offre de nombreux avantages.
C’est quoi le Slow travel ?
La traduction littérale en français c’est le « voyage lent ». On parle aussi de slow voyage, ou slow tourisme, se sont différentes expressions, mais l’idée reste la même. C’est un mode de voyage qui est en marge du tourisme de masse, et de cette sur-consommation touristique des dernières années. En faire moins pour en profiter plus.
Les adeptes des check-list de choses à voir et à faire en un temps record et des incontournables peuvent être un peu déstabilisés. Mais cet article s’adresse à tous les voyageurs, pour justement appréhender une autre façon de voyager en adoptant le slow travel.
Prendre son temps, ralentir, apprécier différemment les lieux visités et tout ce qui peut faire leur singularité. Les monuments bien sur, mais surtout les gens, leur mode de vie et la nature environnante. Prendre du temps pour soi, prendre le temps de se poser, de ressentir les ambiances et l’atmosphère de chaque endroit.
Un style de voyage qui devient plus respectueux des personnes et de la nature, par le simple fait d’arrêter de courir et de consommer à outrance.
On peut penser que ce type de voyage ne s’adresse qu’à ceux qui ont du temps devant eux, les voyageurs au long cours, mais en fait c’est avant tout un état d’esprit, qui est accessible à tous. Que l’on voyage quelques jours, quelques semaines ou plusieurs mois, que ce soit à coté ou à l’autre bout de la planète, et nous allons voir comment et à quel point le slow travel peut être bénéfique.
Pourquoi adopter le slow travel ?
Lorsque nous préparons un voyage, on passe des heures à chercher quoi faire, quoi visiter et comment se rendre dans cette destination qui nous est inconnue. Puis de pages en pages, de sites en sites, la liste des « choses à voir » s’amplifie tellement, qu’on se dit que nous n’aurons jamais le temps de tout visiter. Il nous arrive même de nous dire que nous allons forcément manquer quelque chose, en oubliant que l’essentiel des vacances c’est de profiter, de se reposer et de se ressourcer. C’est alors que pas encore partis nous sommes déjà pris par l’angoisse.
Mais en ajoutant toujours plus, en courant d’un monument à l’autre , a-t-on seulement le temps de vraiment découvrir ce que ce voyage avait à nous offrir ? A ne vouloir rien manquer, est-ce que nous ne passons pas à côté de l’essentiel même du voyage ?
Et là, une réflexion s’impose, que nous reste-t-il au retour outre des centaines de photos et quelques objets souvenirs ? Quels vrais souvenirs, et quelles expériences inoubliables resteront gravées en nous ?
Ne vous est-il pas déjà arrivé que les souvenirs à raconter de certains voyages ne soient que « des galères » quand on se perd, quand il y des imprévus, ou encore des rencontres ou des moments passés avec des inconnus sur place, des expériences, des randonnées, des soirées improvisées ? Plutôt que des lieux incontournables visités ? Mais pour cela il faut laisser du temps, du temps pour l’imprévu et les rencontres. Et, avoir l’esprit ouvert en sortant un peu de nos ( interminables ) to-do-list, des sentiers battus et de tout ce que l’on connait dans notre propre pays.
Le slow travel, c’est bon pour soi…
Certes, les vacances sont l’occasion parfaite pour découvrir de nouveaux horizons, mais cela doit-il forcément impliquer de passer des heures dans les transports pour visiter les quatre coins d’une ville, d’une région ou d’un pays en un temps prédéfini ? Sans avoir réellement le temps de s’immerger dans les lieux visités et de rencontrer les gens. Est-ce cela la définition d’un voyage réussi ?
Partir pour se ressourcer, changer de notre quotidien, se reposer, se retrouver réellement avec soi-même, en famille, entre amis ou avec notre bien aimé, et ainsi prendre le temps de simplement « prendre son temps » . Écouter son corps et son esprit, leurs besoins et leurs envies accumulés après avoir parfois travaillé de nombreuses semaines pour pouvoir enfin s’offrir ces moments-là. Se balader, sans stress et sans la pression du timing, déguster des spécialités locales sans avoir peur de la déception, et prendre le temps d’observer la vie autour de nous. Siroter un smoothie aux fruits en terrasse, lire un bon livre, regarder de ravissants couchers de soleil, et pourquoi pas se prélasser et ne rien faire que regarder ce qui nous entour ?
Vivre ce séjour à notre rythme. Si le corps dit « je suis fatigué », et bien se reposer, s’il a faim, aller manger, si le cœur dit que c’est beau ici, et bien rester un peu plus, si cette personne rencontrée est sympathique, se donner le temps de profiter de sa présence. Dixit la fille qui a rencontrer son mari en voyage. Comme devant un paysage grandiose se laisser aller à la contemplation. S’immerger. Dans un voyage réglé comme du papier à musique, ces libertés là nous sont impossibles, et c’est bien dommage. Il y a toujours une heure de transport à respecter, une réservation dans une autre ville, des horaires de visite dans un autre monument. Alors peuvent naitre en nous les regrets et les frustrations…
Savoir et pouvoir écouter son cœur en vivant pleinement les moments d’un voyage c’est se donner la possibilité de vivre des instants heureux en adéquation avec ce que nous sommes et avec les lieux.
Le slow travel, c’est bon pour les autres…
Le voyage est devenu plus accessible à un plus grand nombre ces dernières années, que cela en deviendrait presque banal. Nous connaissons tous quelqu’un déjà parti pour : un grand voyage, une année de sabbatique ou un tour du monde, et cela n’étonne plus personne que vous partiez au bout du monde pour les prochaines vacances. Les week-end dans les grandes capitales sont devenus aussi courants qu’un week-end à la campagne. Mais quel est l’intérêt de tout préparer pendant des jours, pour ne vivre aucune expérience de dépaysement au final?
Quand le temps est compté, et il l’est pour la plupart d’entre nous, on suit les recommandations, pour être certains de ne rien rater. Toujours les mêmes visites, les mêmes hôtels et les restaurants qui plaisent au plus grand nombre. On se retrouve bien souvent entre touristes, puisque nous suivons ainsi les conseils des mêmes sites et des mêmes guides. Ce qui fait que nos dépenses profitent toujours aux mêmes, et parfois à des chaînes internationales, plutôt qu’à des locaux.
Faire un pas de côté et sortir des sentiers battus c’est aussi favoriser une économie locale, et entrer plus facilement en relation avec les gens. Une petite guesthouse familiale ou un petit restaurant, une chambre d’hôte, des marchands ambulants… toute cette petite économie de proximité devient possible dès lors que nous prenons le temps de nous arrêter de courir tous toujours dans les mêmes endroits. Un petit marchand de babioles, plutôt que le stand de souvenirs incontournable devant le monument à voir…
Se donner le temps d’entrer en relation avec les autres en prenant les transports locaux, certes beaucoup plus lents, mais où il est plus facile de partager que dans un vol intérieur d’à peine une heure. Et croyez moi, faire l’expérience de trains longues distances permet de vrais moments de partage avec les gens.
Parfois, sur place des personnes sont toujours très heureuses de vous faire voir quelque chose de particulier, ou vous expliquer un savoir-faire, dès lors que vous prenez le temps d’entrer en relation avec eux, de partager et de poser des questions. Ça vaut parfois bien le coup de se laisser porter par des rencontres, et ces moments feront de beaux souvenirs.
Le slow travel c’est se laisser ce temps de partage et d’échange, en favorisant aussi la petite économie locale. Il reste déjà si peu d’endroits sur la planète que les humains n’ont pas envahi en masse qu’il serait dommage de ne pas explorer ceux que les voyageurs délaissent. L’intérêt historique ou touristique y est peut être moindre, mais d’un point de vue humain c’est là que vous ferez les plus belles découvertes et passerez de beaux moments.
Le slow travel, c’est bon pour la planète…
Ralentir c’est bon pour l’environnement, on l’a bien vu depuis quelques mois avec la pandémie de Coronavirus. Dès lors que l’humain réduit son train de vie, la planète souffle un peu et prend le temps de se régénérer. Il y a eu ces dernières années beaucoup de lieux victimes du succès de leur beauté ou de leur intérêt. Le tourisme de masse est délétère pour l’environnement, on le sait, car les dégâts sont multiples et bien visibles.
Des déchets à foison sur des îles qui n’ont pas encore les moyens de les traiter, des cours d’eau pollués pour les mêmes raisons, une faune qui disparaît parce que leur lieu de vie se dégrade et s’appauvrit, l’urbanisation à outrance, l’empreinte carbone croissante de nos déplacements et notamment nos déplacements aériens.
Adopter le slow travel c’est aussi réduire son empreinte écologique. Même si nous avons nous même participé à cela, il n’est jamais trop tard pour en prendre conscience et faire autrement.
Il est toujours temps, et l’expérience de Maya Bay en Thaïlande le montre bien. Maya Bay, c’est une petite île près de Koh Phi Phi au sud de la Thaïlande, un endroit paradisiaque rendu célèbre par le film « la plage » ( « the beach » avec Leonardo Di Caprio, Virginie Ledoyen et Guillaume Canet ). Cette plage a été touristiquement surexploitée, les eaux sont devenues très polluées avec le nombre fou de bateaux emmenant des touristes en visite, les déchets ont envahi la baie, ces nuisances, ajoutées au bruit incessant des moteurs ont raréfié toute la faune locale, tant marine que terrestre, et dégradé la flore. Rappelons qu’à la base cet îlot est inhabité, et qu’avant cette célébrité mondiale, seulement des pêcheurs locaux s’y rendaient avec un impact que la nature pouvait facilement compenser. Les autorités thaïlandaises ont pris la décision d’interdire l’accès de cette zone, et il aura fallu à peine six mois pour que la nature y reprenne sa place, avec le retour de nombreux poissons notamment les requins pointe-noire. Une leçon à méditer, et réaliser que dans les années à venir beaucoup de lieux seront désormais fermés pour être préservés de l’homme et de ses nuisances, et fermés au tourisme de masse.
Nous devons rapidement apprendre à voyager autrement en limitant notre impact, avant que nos dégradations ne soient définitivement irréversibles sur les beautés de la planète. Et préserver ce qui fait la richesse de certains endroits, ce qui peut impliquer justement de ne plus s’y rendre, comme à Maya bay, ou d’y voyager différemment.
Concrètement, comment adopter le slow travel ?
Avant les méthodes et les moyens, c’est adopter un état d’esprit comme nous avons pu le voir. Accepter d’en voir moins mais d’en profiter plus, et avec plus de respect, pour soi-même, pour les locaux et pour l’environnement. Certains peuvent voir ça comme un renoncement, quand on a que deux semaines de vacances on veut les « rentabiliser », on en veut pour son argent, et on veut que « ça en jette » sur les réseaux et dans notre entourage ( soyons honnêtes ). Pourtant c’est bien par là que ça commence. Changer sa façon de voir les choses et de vivre son voyage.
La « slow life » ou la « slow attitude » sont dans l’air du temps ( slow food, slow fashion…), à juste titre et en réaction à une société qui aurait tendance à nous faire passer à côté de l’essentiel, avec un rythme de vie déconnecté du rythme naturel des choses. Le rythme des saisons, celui de la lune, celui de la nature. Nos propres rythmes biologiques et nos humeurs. Déjà l’expérimenter sans voyager c’est se mettre au diapason. S’écouter, se poser, profiter, contempler. Ralentissons déjà dans notre quotidien, et voyager ainsi nous semblerait tout à fait naturel.
Préparer son voyage en mode slow travel
Il y a les adeptes inconditionnels de la préparation, et les autres plutôt free-style. Que vous soyez des uns ou des autres, il y a quelques questions à se poser avant de partir.
La destination choisie et le temps dont on dispose vont aider à envisager le départ.
- Qu’est-ce que j’attends de ce séjour?
- Quelles sont mes priorités?
- Dans la foule de choses à voir et à faire, quelles sont vraiment celles qui me tiennent à cœur? (et non pas celles qu’il « faut » avoir vues)
- Est-ce un séjour en solo, en amoureux, en famille, entre amis?
- Ces questions vont aider à appréhender le séjour plus précisément.
- La destination est-elle atteignable par des moyens de locomotion plus doux et moins polluants? Transports en commun, bus grandes distances, train, covoiturage, vélo ou marche à pied pour les plus sportifs.
Le temps de trajet est déjà un temps de voyage, un moment de déconnection, et d’échanges, il ne faut pas l’oublier. Bien entendu, plus la distance est grande et plus les possibilités sont limitées, il n’y a pas de secret, plus on va loin et plus il faut du temps. Mais il est aussi possible de ne prendre qu’un vol pour une destination lointaine et rayonner dans la région en mode slow.
- Y a-t-il sur place des hébergements qui me correspondent? Dans la nature? Bien situés en ville pour les transports? Chez des particuliers? Écoresponsables?
- Il y a des endroits où il n’est pas toujours nécessaire de tout réserver à l’avance, ce qui laisse l’opportunité de rester ou de partir comme on le sent, et ça c’est top. Qui ne s’est pas un jour retrouvé obligé de partir à contre cœur d’un endroit merveilleux parce qu’il a déjà une réservation ailleurs? Et, où rester décalerait tout un itinéraire minutieusement préparé? Le slow travel c’est aussi se laisser une marge de liberté quand on le peut, et c’est très appréciable parfois.
Voyager léger, c’est aussi se dégager du temps et de l’espace. Des bagages minimalistes donnent une sensation de liberté. C’est libérer sa charge mentale plutôt que d’être toujours dans l’inquiétude d’en prendre trop, pas assez, ou pas adapté, de manquer de quelque chose. Et dès qu’il faut plier bagage c’est encore du stress. Le minimum , le nécessaire propre à chacun, et c’est déjà bien suffisant. Et s’il manque quelque chose, on peut toujours trouver un équivalent sur place. Il vaut mieux compléter un manque, que de trimballer des kilos de choses inutiles.
Les avantages du Slow travel ; plus de profondeur et d’intensité
Rester un peu plus dans les endroits qui nous plaisent permet plus d’immersion et de sincérité. On peut rester un moment dans un endroit sans pour autant ne rien faire. Profiter d’une semaine sur-place pour faire un stage, une formation et pourquoi pas du bénévolat. Vous savez toutes ces choses qu’on ne prend jamais le temps de faire… Cours de cuisine, savoir-faire artisanal, comme nous le pratiquons chez nous ( farmstay la maison), stage de yoga, de massage, de boxe thaïe, cours de plongée et de permaculture. Toutes ces formations sont très courantes en Thaïlande, et facilement accessibles.
Moins se déplacer, c’est aussi réduire son impact, et se donner la chance de vivre imprégné dans la vie locale ce qu’on ne peut malheureusement qu’apercevoir quand on est juste de passage. Aller au marché, participer à des fêtes locales, aller au parc, prendre un verre avec les locaux, rentrer dans la vie de quartier, et consommer local. Que cet argent que nous dépensons en voyage aille vraiment aux locaux.
Sur place se déplacer à pied, louer des vélos ou des scooters. Cela permet d’explorer plus les environs , et les locaux sont toujours ravis de vous donner des indications sur les choses sympas à voir aux alentours, et qui ne sont pas dans les guides bien sur… Sortir des sentiers battus c’est aussi se créer des opportunités de faire de belles rencontres, voire de lier des amitiés, ce qui parait impensable quand on voyage en changeant de lieux tous les deux jours!
Moins courir c’est aussi moins dépenser.
Le slow travel peut aussi avoir des avantages au niveau du budget, ce qui n’est pas négligeable. Prendre un hébergement à la semaine ou au mois (pour les plus chanceux) c’est pouvoir bénéficier d’un tarif souvent plus intéressant qu’à la nuitée. Il en va de même pour les locations de vélos ou scooters. Pour les petits restaurants du coin, à nous voir revenir régulièrement les commerçants vous font plus confiance et ne vous considère déjà plus comme un touriste de lambda.
Chez les Thaïlandais, il faut savoir que quand vous gagnez leur confiance, vous resterez à jamais dans leur mémoire et ils prendront plaisir à vous gâter. Et oui, l’accueille thaïlandais se mérite.
Les transports en communs locaux seront aussi beaucoup moins chers que les vols intérieurs (même si avec les compagnies aériennes low-cost la différence est moins importante), ça reste toujours bon à prendre. Dans les villes, les cartes de transport à la semaine ou au mois sont beaucoup plus intéressantes que de payer des tickets pour chaque trajet. Rester plus longtemps, c’est aussi pouvoir faire des petites courses au lieu de sortir tout le temps manger dehors surtout dans des destinations européennes. Alors au final, toutes ces petites économies rendent le budget voyage plus confortable pour d’autres activités. A bien y regarder en voyage le deuxième poste de budget important après le logement c’est celui des transports.
Profitons du voyage. Que ce soit un week-end à la campagne ou dans une grande ville, une semaine à la montagne ou à la mer, les îles grecques ou les marchés tunisiens, l’Asie du Sud-Est en sac à dos, ou la Nouvelle Zélande en mini van. Prenons juste le temps de capter les ambiances, de s’imprégner des atmosphères. Rencontrer les gens, s’intéresser à eux, échanger. Prendre du temps pour soi, lire, faire du sport, ou toute autre activité qui nous tient à cœur. Ramener des souvenirs et des expériences plutôt que des milliers de photos de monuments dont on aura oublié le nom très vite. Évitons de rentrer exténués de ces voyages marathon qui ne laisserons que peu de traces. Enfin, ne serait-il pas plus agréable de collectionnons les moments uniques plutôt que le nombre de tampons sur un passeport ?
Alors qui se lance dans le slow travel mood pour son prochain voyage ?
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