Expatriée depuis 2018 en Thaïlande du nord au cœur d’un village Karen où coutumes et solidarité rythme le quotidien, je vous partage aujourd’hui, mon nouveau témoignage, laissez-moi vous raconter pourquoi j’ai écouté mon cœur et comment je le vis dorénavant. Doutes, difficultés, destin et épanouissement. Voici l’histoire de mon expatriation.
L’amour…
Sincèrement, je crois que c’est l’amour qui m’a toujours influencé dans mes choix personnels et professionnels. L’amour des gens, l’amour de la vie. En réalité, j’ai toujours eu le sentiment qu’être amoureux, c’était plus important que tout le reste dans une vie. Or, j’ai mis quelques années à comprendre qu’il était difficile d’aimer les autres quand on a pour soi-même aucun amour-propre.
(Enfin ça, c’est un autre sujet que l’on abordera peut-être une autre fois (si ça vous intéresse, c’est le moment de le dire en commentaire)).
Alors d’amour en amour, j’ai baroudé plusieurs années, de Londres à la Vendée, de la Charente à la Haute-Savoie, de la Loire-Atlantique à la Corse. Et pourtant, je n’ai jamais suivi aucun homme et ne me suis jamais réellement posé quelque part pour quelqu’un. J’ai souvent eu la casquette de capitaine de route. Au fond de moi, j’étais en quête de ce lieu qui me laisserait bouche bée. Ce lieu où je pourrais poser mes valises et vivre une vie paisible proche de la nature.
Je suis souvent partie seule, puis j’ai rencontré les hommes de ma vie, qui m’ont aidé à me (re)construire et m’ont accompagné sur mon chemin. Paradoxalement, je n’ai jamais été en quête de l’amour, je le laissais venir et quand mon cœur palpitait, je prenais tous ces moments uniques qu’on ne vit parfois qu’une fois. C’est toujours quand je pense trop au futur et à l’avenir que les choses se compliquent et que la vie est moins agréable à vivre.
Parfois, elle parvenait à croire qu’elle pourrait être heureuse, dans un avenir lointain. Peut-être même en compagnie d’un homme.
Björn Larsson
Quand la vie se chamboule
Un jour, alors que j’étais sur ma route, confortablement accompagné avec un homme que je pensais connaître. Nous prévoyons de partir à la rencontre du monde. Ce voyage, je l’avais toujours rêvé, imaginé, anticipé et j’y été presque. Ce que je ne savais pas encore, c’est que ce voyage n’allait pas être celui que je prévoyais et encore moins avec celui que je le pensais.
Un matin, à quelques jours du tournant de nos vies et après vingt-cinq mille deux cent quatre-vingts heures de vie commune, je suis tombé sur un sens interdit qui n’était pas indiqué sur le plan. Cet homme qui avait partagé mes peines, mes joies et qui m’avait aidé à grandir, décidait soudainement que nous ne ferions plus jamais parti du même quotidien.
Devant cette impasse imprévue, j’ai cru que le voyage était fini, que ma vie ne valait plus la peine d’être vécue. Mon cœur débordait de chagrin et mon estomac se comprimait si fort que mes poumons peinaient à se remplir pour reprendre mon souffle.
Putain, j’ai eu envie de crever ! Quoi de plus dure que d’être stoppé en pleine course par un coup de pied dans le ventre ?
Un nouveau souffle
Aujourd’hui, avec le recul je sais que les passages difficiles m’ont tous servi de leçon. Ils m’ont rendue plus solide, mais aussi plus courageuse.Quand les pages se sont lentement tournées une à une, je me suis rappelé qu’au départ, j’avais commencé ma route seule, rien ne m’empêchait donc de la reprendre.
Afrique ? Australie ? Et puis non, si j’allais plutôt rendre visite à mon grand frère en Thaïlande ? Ce serait l’occasion de passer des moments cool en famille et ensuite d’aller découvrir l’Asie en solo pour vivre mon rêve de toujours : DÉCOUVRIR !
Marine 17 ans : maman , je vais partir…
Maman : mais où et puis tu n’as pas suffisamment d’argent ?!
Marine : maman, je veux vivre la misère pour savoir ce que ça fait !
J’ai eu une enfance unique et peu ordinaire, je n’avais pas les mots, mais ce que je voulais au fond de moi à ce moment-là, c’était être confronté à la dure réalité de la vie par moi-même afin de m’en sortir comme une grande. J’ai longtemps persisté à ne rien devoir à personne, je ne voulais pas t’aide et encore moins de reproches ! Bref, vous l’aurez compris, j’étais une branleuse avec la tête sur les épaules, mais qui voulait grandir trop vite.
Pour en revenir sur les moments qui chagrinent, je suis convaincu qu’ils ne sont que des tremplins qui nous permettent d’aller encore plus loin et me concernant, d’arriver jusqu’ici. Je ne vais pas vous mentir, la vie n’est pas toujours rose et je reste cette femme enfant sensible qui parfois se remémore les moments difficiles et pleurs seule face à l’incompréhension. Puis, quand le coup de blues laisse place à l’acceptation, j’écoute cette voix qui me dit que sans ces moments de galère, je n’aurais peut-être pas fait toutes ses rencontres et découvertes merveilleuses.
J’aimerais en dire plus, vous dire que dès lors que j’ai quitté Bangkok pour me rendre dans les provinces plus paisibles, je sentais que quelque chose se passait. Plus les kilomètres s’écoulaient, plus je sentais mon cœur palpiter. Je n’ai pas cessé de prier ma bonne étoile.
Ma bonne étoile, toi qui es à mes côtés depuis toujours, je sens que quelque chose se passe, je t’en supplie, continue de me guider ! Ne m’abandonne pas.
Coup de coeur incertain
À l’arrière de ce pick-up, en route pour un camp d’éléphants, j’étais époustouflé par le chemin que nous traversions. Mais c’est en arrivant que j’ai eu le souffle coupé. Tout été en osmose, la verdure m’inspirait la douceur et les montagnes la force. L’équilibre parfait de Dame nature.
Le paradis sans prétention, sans panneau, sans indication, ce lieu ne peut pas être décrit, il est trop singulier pour cela. Et tout comme les mauvaises choses, les bonnes arrivent rarement seules. Quelques minutes, plus tard, je croisais le regard de Dédé.
Mon cœur le savait, mais mon esprit ne voulait pas encore l’admettre, je suis tombée amoureuse de lui. Son aisance dans ce milieu qui n’était pas le mien. Son sourire et ses dents du bonheur sans oublier tous les moyens que sa famille et lui mettaient en place afin que je me sente ici à ma place.
On ne se comprenait pas, mais comme « OK » est un mot international, il nous a permis de débuter ce nouveau chapitre de façon positive.
La décision de l’expatriation
Le plus difficile n’a pas été de prendre la décision de rester, le plus difficile fut d’assumer mon choix de tenter l’expatriation. En parler à mon patron, à mes proches, gérer l’administration (merci maman) et laisser mon passé derrière moi. Et comme il est délicat de vivre d’amour et d’eau fraîche, j’ai mis un point d’honneur à chercher du travail avant de revenir en France ranger mes cartons. Et là encore, ma bonne étoile était à mes côtés.
J’ai déposé quatre CV dans plusieurs hôtels, l’un d’eux me proposait 60 heures par semaine pour un salaire de 200 euros et un autre m’a contacté pour m’offrir autre chose. Un réceptionniste travaillant dans cet hôtel avait des contacts dans une école privée qui rechercher une enseignante d’Anglais. Quelques jours plus tard, je signé mon contrat. Ceux qui me suivaient sur les réseaux pourront en témoigner, je n’y croyais pas. Pourquoi la chance me souriait-elle ainsi ? Était-ce un rêve, est-ce que tout allait s’arrêter du jour au lendemain ?
Et maintenant ?
Depuis, nous avons célébré notre mariage en mars 2019, mon grand frère et ma maman étaient présents, c’était un moment magique au cœur de la nature qui restera gravé dans ma mémoire à tout jamais. Puis, en famille nous avons créé un homestay dans la maison de famille de Dédé. J’ai quitté cette école, car j’avais besoin de passer plus temps ici, au village. Ce petit bout de terre où je me sens si bien. Je n’étais pas venue en Thaïlande pour passer mes journées loin de ce(ux) que j’aime, je l’ai déjà trop fait. J’ai toujours eu une préférence pour vivre avec moins, mais être plus heureuse.
Actuellement, je donne quelques cours de français à Chiang Rai, cela me permet de pratiquer aussi mon thaï et de ne pas vivre en totale autarcie. Alors entre le homestay, mon agence de conseils voyages et les cours, j’ai trouvé un équilibre professionnel que je n’avais jamais connu auparavant. Et l’expatriation est devenue une évidence.
Il n’y a pas un jour qui passe sans que je me dise que c’est un privilège immense d’être ici. Et même si parfois, il y a des incompréhensions malgré nos efforts communs, notamment à propos de la consommation , je suis sens cesse en admiration par cette communauté et leur façon de voir la vie. Car quand je dis « être ici », je parle avant tout du village. Vivre au cœur d’une ethnie ouvre les yeux sur beaucoup de choses, mais avant tout sur l’essentiel !
À l’approche de mes 30 ans, je peux dire que mon chemin m’a déposé à bonne destination. Pourtant, croyez-moi, l’expatriation en Thaïlande ce n’est pas aussi simple que l’on peut l’imaginer. Pour ma part, malgré un visa mariage, je dois notifier mon adresse de domiciliation auprès du service de l’immigration tous les 3 mois et à chaque fois que je dors plus d’une nuit hors du village. Enfin, chaque année je dois renouveler mon visa mariage et permis de travail.
Mais qu’importe les obstacles, j’ai ici ce qui me rend heureuse et pour rien au monde je ne partirais. Pour l’avenir maintenant, je n’ai aucun projet sauf celui de vivre ici en harmonie avec ce(ux) qui m’entoure(nt) et de faire ce qui me rend heureuse sans penser excessivement au lendemain.
L’avenir, c’est ce qu’on a inventé de mieux pour gâcher le présent.
Roger Vadim
Et vous, ça vous tente l’expatriation en Thaïlande ou l’expatriation en général ?
4 comments on “Mon expatriation en Thaïlande”
Mylène
C’est une très belle histoire Marine ! C’est beau d’écouter son coeur :).
Nous aussi l’expatriation nous tente beaucoup, reste à définir dans quel pays ;).
Bises
Mylène
Adventhai
Et si vous reveniez nous voir avant de vous expatrier ?
Merci beaucoup pour ton message Mylène.
Bises
ELISA
Je suis très émue par ce bel article. C’est vraiment d’un courage incroyable que de suivre son cœur, d’assumer ses choix et de vivre ses rêves malgré les obstacles.
Je suis admirative de ton courage et de ta force.
C’est un article plein de sincérité 🙂
L’expatriation de cette façon donnerait envie à tout le monde, moi la première *-*
Adventhai
Bonjour Elisa,
Merci a toi pour ton message remplit de bienveillance. J’ai la conviction que la force vient tres souvent de nous mais aussi de ceux/ce qui nous entourent.
Je t’embrasse.
Marine